Géographie de la Turquie : les leviers de sa puissance

drapeau de la Turquie

drapeau de la Turquie

Après l’histoire de la Turquie, je vous propose de nous pencher sur sa géographie qui lui donne une place très particulière dans le monde avec des atouts importants. Le drapeau de la Turquie a été adopté en 1844. La première utilisation du design du drapeau actuel remonte à 1793. Les derniers changements apportés au drapeau de Turquie actuel remontent à 1936.

Géopolitique

  • La Turquie, trait d’union (ou de désunion?) entre l’Europe, le Moyen-Orient et le Caucase :

Présence dans les institutions de l’Europe
Le 22/02/1945, opportuniste, la Turquie déclare la guerre à son allié traditionnel l’Allemagne. Elle gagne ainsi sa présence à la création de l’ONU. En 1947, elle signe des accords de coopération avec les USA et bénéficie du plan Marshall. En 1950, elle rentre au conseil de l’Europe et elle devient membre de l’OTAN en 1952. Une base militaire US y est encore installée mettant la Russie à portée des missiles US
Défiance des pays du  Moyen-Orient
Le souvenir de l’empire Ottoman imprègne les relations avec les pays arabes voisins, nostalgie d’un côté et, de l’autre, méfiance teintée d’aversion. Ces relations ambigües sont encore alourdies par la présence morale de la France et de la Grande-Bretagne auxquels ces pays arabes avaient été confiés (régime du protectorat). Pour ce qui nous concerne, la France a une influence régionale importante qui dérange bien le président Erdogan.
Interventionniste dans le Caucase
Ici aussi le souvenir de l’empire Ottoman imprègne les relations entre états. La Turquie et la Russie se disputent leur influence sur le Caucase.

pomme de discorde

le haut-Karbagh, une pomme de discorde

Prenons l’exemple du Haut-Karabagh, petite république auto proclamée, ce territoire est essentiellement peuplé d’arméniens. Arménie et Azerbaïdjan se le disputent : « J‘avais dit qu’on chasserait (les arméniens) de nos terres comme des chiens et nous l’avons fait » (psdt de l’Azerbaïdjan Ilham Aliev). La première est plus petite et la seconde est manipulée et armée par la Turquie. La géographie de la Turquie place l’Arménie en tenaille avec l’Azerbaïdjan.  Le déséquilibre du rapport de force est encore accentué par la livraison d’armes efficaces par Israël qui dépend pour beaucoup du pétrole de Bakou. Le conflit tourne inéluctablement au détriment de l’Arménie. C’est alors que la Russie impose un cessez le feu reléguant ainsi la Turquie, jusqu’alors maître du jeu, à un rang de puissance subalterne.
Ce cessez le feu met également fin à une « guerre de religion » : « Le haut Karabagh redevient un pays de l’islam et reprend sa place sereine à l’ombre du croissant » (Pdt Erdogan)

  • La géographie de la Turquie la place à la croisée des chemins du gaz et du pétrole

Bordée au nord par la mer noire et au sud par la méditerranée, la Turquie dispose de 7200km de côtes.

les enjeux du gaz et du pétrole

la Turquie : enjeux pétroliers et gaziers

Elle conteste vigoureusement les limites de sa ZEE pour l’heure mal définies (voir la carte) avec la république de Chypre (membre de l’UE) . Cette contestation est d’autant plus forte que cette partie de la méditerranée est très riche en gaz. Certains gisements sont actuellement en exploitation. La Turquie fait monter la pression en envoyant des batiments  de guerre escorter un navire d’exploration turc. Des incidents avec la frégate Courbet ont fait récemment la une  des journaux spécialisés. Le porte avion Charles de Gaulle a également fait une escale remarquée à Chypre (Honi soit qui mal y pense)

1936 la convention de Montreux confie la garde du Bosphore (et du détroit des Dardanelles) à la Turquie au grand dam de Staline, la Russie a toujours voulu conserver un accès sur aux mers chaudes ( l’affaire de la Crimée en est la manifestation récente). La capacité turque de vérouiller les détroits indispensables à la flotte Russe a plaidé pour l’accès de la Turquie dans l’OTAN.

Géographie physique

  • Des paysages variés

La Turquie (pour sa partie orientale) est un grand plateau  (climat continental : peu de pluies +40°c à -40°C – Anatolie et Cappadoce) bordé au nord par la chaine pontique (voir la carte) très  pluvieuse et au sud par les monts Taurus qui présente un climat méditerrannéen. La frontière est également montagneuse (mont Ararat 5166m est le plus haut sommet turc).

  • Le château d’eau du Moyen Orient

le chateau d eau du Moyen-Orient

La Turquie est l’un des pays sismiquement les plus actifs au monde. La région montagneuse à l’est est la source de nombreux cours d’eau (le Tigre et l’Euphrate) qui irriguent bon nombre de pays du moyen orient (Syrie, Iran, Irak). A des fins agricoles et énergétiques la Turquie a établit plusieurs barrages et développe plusieurs projets qui alimentent les tensions avec les pays voisins du Moyen-Orient.

Population

La population turque est forte de 80 millions d’âmes. C’est pays jeune (moyenne d’age 31,4 ans) et en forte croissance démographique (1,3% par an). A elle seule Istambul  compte 12 millions d’habitants. La population turque est homogène si l’on excepte 7% de kurdes. La politique démographique est marquée par :

1 – L’épuration ethnique

L’histoire de la Turquie est jalonnée de progroms, de génocide (non reconnu) et de déplacements forcés de population. Si l’histoire retient surtot le génocide arménien, grecs, chypriotes et kurdes gardent dans leur mémoire collective le souvenir des  souffrances engendrées par cette politique.

2 – Une forte émigration

L’émigration de Turquie revêt un caractère continu, dynamique et contemporain. Aujourd’hui, les migrants de Turquie sont près de 3,5 millions en Europe, dont plus de deux millions en Allemagne, environ 300 000 en France et 100 000 en Belgique. Même si des particularités nationales se font jour, l’ensemble des migrants de Turquie en Europe conservent un attachement matériel et symbolique à la « communauté d’origine ».
A noter la forte émigration kurde depuis 1990 quand l’armée turque a commencé la destruction systématique des villages kurdes qui résistaient à la politique d’Ankara.
En France, la communauté turque est travaillée par les activistes pro Erdogan ( les loups gris aujourd’hui dissous) qui s’affrontent régulièrement violemment avec les communautés arménienne et kurdes (évènements de Dijon).
La forte communauté turque en Allemagne explique peut-être la prudence de cette dernière que l’on peut considérer comme timorée dans la lutte contre l’expansionisme de la Turquie actuelle.

La géographie de la Turquie : les leviers de sa puissance

La géographie de la Turquie lui confère un pouvoir d’influence considérable sur l’Europe, le Moyen-Orient , les pays du Caucase et la Russie. elle contrôle l’accès aux mers chaudes de la Russie,  et les approvisionnement en eau du Moyen-Orient, sa population est jeune, homogène (exceptés les 7% de kurdes), alliée avec l’Azerbaïdjan (« un peuple deux états » président Erdogan) et au carrefour des voies du gaz et du pétrole, la Turquie a un pouvoir d’influence considérable alors que sa diaspora en Europe est un outil de pression qu’il ne faut pas sous-estimer.
Elle en use et en abuse : jusqu’à quand?

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Histoire de la Turquie

Il est beaucoup question ces temps-ci de la Turquie et de son président Recep Tayyip Erdoğan qui par ses actes et ses déclarations nous inquiètent. Pour trouver son cap dans cette affaire d’une rare complexité, il faut dans un premier temps s’imprégner de l’histoire de la Turquie puis de sa géographie. Dans un troisième article nous essaierons de nous faire une opinion en analysant les actions et les déclarations récentes de son président.

L’histoire de la Turquie est mouvementée

L’empire Ottoman

histoire de la Turquie - le démembrement de l'empire ottoman

splendeur et décadence de l’empire ottoman

Soliman le magnifique se lance dans une politique de conquêtes couronnée de succès.

  • Cependant en 1565, l’expansion de l’empire Ottoman marque un coup d’arrêt avec l’échec du siège de Malte défendue héroïquement et intelligemment par les chevaliers de Saint Jean de Jérusalem commandés par Jean de la valette. Ce dernier donnera son nom à la capitale actuelle de l’ile de Malte.  l’empire est alors considérable, il s’étend sur bon nombres de pays arabes actuels et sur une partie de l’Europe centrale.
  • 1840 : Le traité de Londres démantèle l’empire ottoman  (voir la carte).
  • 1918 : après une alliance avec l’Allemagne, la Turquie prend ses frontières actuelles.
    De cette histoire, il reste une nostalgie turque de la grandeur passée, de solides inimitiés (pour le moins) des kurdes, des arméniens, des arabes, des grecs  voire des russes ….
  • 1923 : (24 juillet) le traité de Lausanne impose des échanges de population entre la communauté musulmane de Grèce (500 000) qui doit rejoindre la Turquie  et la communauté orthodoxe de Turquie (3 millons) qui doit rejoindre la Gréce (la moitié émigrerons vers les Etats-Unis). Les grecs restent marqués par le manque d’humanité de cet exode.

La révolution kémaliste

  • 1923 – 1938 :
    Inspirée par la France des lumières, Mustafa Kemal s’appuie sur l’armée pour faire la « révolution à toute vapeur ». Il ambitionne de faire de la Turquie un état laïque moderne  : l’école est gratuite et obligatoire y compris pour les jeunes filles, l’alphabet ottoman est remplacé par l’alphabet latin. Le statut de la femme évolue : égalité avec les hommes, interdiction de la polygamie, de la répudiation et du port du voile, droit de vote et éligibilité, accès aux emplois administratifs. Le code civil s’inspire du code suisse, le code pénal du code italien et le code commercial du code allemand.
    Cependant l’Etat contrôle les religions (Direction des affaires religieuses)
    Enfin, en politique étrangère, la Turquie est fermement attachée au principe de neutralité, elle ne prendra pas part à la deuxième guerre mondiale.
    La révolution kémaliste prendra fin en 1945, le parti démocrate obtenant la majorité des urnes.

La Turquie actuelle

  • 1960  : Un coup d’état renverse le gouvernement au nom de l’armée, le parti démocrate étant accusé de violer la constitution pour rester au pouvoir. Il sera suivi en 1970 d’un nouveau coup d’état puis d’un troisième en 1980, la situation politico-sociale se dégradant .
  • 1983-2002 : un parti politique islamique tente de prendre le pouvoir, il y parvient aux élections de 2002 (parti AKP). Erdogan devient premier ministre  puis en 2003 président de la république.

L’histoire de la Turquie passe par Chypre la déchirée

L’ile de Chypre est emblématique de la complexité de la situation turque.

  • 1925 : Chypre est une colonie de la couronne britannique.
    Naissance d’un mouvement en faveur de l’autodétermination qui n’arrive pas à faire l’unanimité, les grecs souhaitant une union avec la Grèce.
  • 1960 : La république de Chypre devient indépendante sous la présidence de Mgr Makarios (orthodoxe grec) et la vice présidence de Fazil Küçük (turc).
  • 1964 : Les tensions interethniques sont telles que l’ONU déploie une force de maintien de la paix.
  • 1974 : le régime des « colonels grecs » tente un coup d’état pour renverser Mgr Makarios. Aussitôt la Turquie envahit Chypre et s’empare du tiers nord de l’ile poussant à l’exil 80000 chypriotes grecs. (voir la carte)
  • 1983 : La « république turque de Chypre » est proclamée, reconnue uniquement par la Turquie.
  • 2004 : La république de Chypre entre dans l’UE et adopte l’euro en 2008.

Actuellement l’ile est encore séparée par la »ligne verte » qui prend la forme d’un mur coupant ainsi Nicosie en deux (seul un point de passage est ouvert rue Ledra). La force de maintien de la paix est toujours présente avec des effectifs réduits. Les pourparler sur la réunification s’enlisent.

En synthèse

L’histoire de la Turquie lui a attiré de fortes inimitiés en raison de sa politique expansionniste et souvent brutale. Cependant, elle fait partie de toutes les institutions européennes et de l’OTAN depuis 1945. Elle demande son adhésion à l’Europe depuis 1987, mais la Turquie a bien changé et son adhésion à l’UE fait actuellement débat.
Au fil du temps  l’histoire de la Turquie est passée d’un empire à une république laïque stricte, puis  à un islam politique militant. Une constante se dégage, la « Turquie aux turcs » éventuellement par la force.

Faut-il avoir peur de la Turquie? Au vue de son histoire, on peut  pour le moins nourrir quelques craintes.

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Ces professeurs de médecine qui faisaient le buzz

Nous avons tous été saturés, pendant l’épidémie du Covid-19, par l’intervention de plusieurs professeurs de médecine qui faisaient le buzz en parlant doctement de ce qui était bien ou mal, utile ou inutile, avec parfois des contradictions. Ces mêmes professeurs exercent, dans leur majorité, des rôles consultatifs ou exécutif dans de hautes instances sanitaires. Y aurait-il des conflits d’intérêt?


La sidération

Dans ce contexte,  je suis sidéré à la lecture du France soir du 24/06, quotidien sérieux et digne de confiance. Dans un article intitulé « Revenus versés par BigPharma », il dresse le top 13 des revenus versés par l’industrie pharmaceutique à certains professeurs de médecine, ceux la même dont je vous parlais précédemment.
Ces révélations chiffrées et nominatives éclairent d’un jour nouveau les charges répétées contre le professeur RAOULT et la mésaventure du Lancet. Tout cela ne semble pas bien sérieux pour des personnes auxquelles on a accordé notre confiance.
je n’ai pas connaissance de démenti, ni de réponse à cet article

Conséquences  et interrogations

  1. Quelle crédibilité accorder aux prise de position des instances sanitaires et plus généralement au management de la santé en France et au delà sur la communauté scientifique qui avait arrêté le nuage de Tchernobyl à nos frontières ?
  2. Les sommes versées sont-elles imposables et imposées?
  3. point positif : il est permis de se réjouir que la vérité soit révélée au grand jour
  4. L’autorité de tutelle va-t-elle sanctionner? Il sera intéressant de suivre la suite.
  5. mise en garde : pour se faire une idée juste, il faudrait entendre les intéressés et les labos. Leur mutisme ne plaide pas en leur faveur.

Décidément, notre époque est difficile à comprendre

Pour lire cet article de France-soir :
http://www.francesoir.fr/societe-sante/top-13-des-revenus-annuels-recents-verses-par-lindustrie-pharmaceutique

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Le nudge : outil de notre manipulation

Le nudge* : Un message simple, qui éveille en nous des émotions.

La communication prend alors une forme d’incitation non violente. Le nudge est né dans les années 70 à la suite d’une étude visant à comprendre les écarts entre les choix effectifs et ceux qui semblaient logiques. Cette théorie passera rapidement de la sphère du marketing (exemple : « attention offre limitée à … ») à celui de la publicité puis récemment de la politique qui fait appel à des experts en sciences comportementales. A ce stade, Il faut citer  le livre de Richard Thalet & Cass Sustein « Nudge, la méthode douce pour inspirer la bonne décision » (2008).

Le général de Gaulle : pionnier du nudge

« Je vous ai compris » quoi de plus court, simple à retenir, de plus ambigüe et enfin de plus trompeur car chacun a compris ce qu’il voulait comprendre. Il avait de même « une certaine idée de la France » qui a recueilli plus de 50% des suffrages. Il faisait du nudge sans le savoir. Depuis l’intuition gaullienne a été épluchée, décortiquée, théorisée et utilisée jusque dans le monde politique (présidence Obama ou Macron).

Efficace le nudge, encore faut-il être pertinent

L’exemple du lancement de l’application StopCovid est emblématique. lancement en fanfare, 600 000 français l’ont déjà téléchargée ; le terme de traçage est soigneusement évité, les médias se font l’écho du nombre de téchargement (pardon de participants nous dit-on sur l’applicaton), quelques personnalités nous expliquent leur adhésion jouant sur l’effet mouton de panurge. Et cela marche jusqu’à 1,9 millions de « participants », puis les désinstallations se sont multipliées (jusqu’à des dizaines de millier par jour).
Mauvaise qualité du produit? Prise de conscience que la ficelle était un peu grosse? Alors la question se pose :

Manipulation ou incitation?

Personnellement cel revient au même car j’ai horreur que ce que je dois faire ou dire me soit suggéré.

(Source « Emmanuel Macron et le pouvoir du nudge »  le point du 8/6/20 Géraldine Woesner) disponible en cliquant ici

* coup de pouce en anglais
*La théorie du Nudge (ou théorie du paternalisme libéral) est un concept des sciences du comportement, de la théorie politique et d’économie issu des pratiques de design industriel, qui fait valoir que des suggestions indirectes peuvent, sans forcer, influencer les motivations, les incitations et la prise de décision des groupes et des individus, au moins de manière aussi efficace sinon plus efficacement que l’instruction directe, la législation ou l’exécution.
( source wikipedia )

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Mort de l’entreprise E

Il était une fois

(histoire d’une désindustrialisation)
Une belle entreprise de chaudronnerie industrielle créée il y a un siècle. Elle conçoit des produits sur mesure, les fabrique et en assure la pose. (en bleu sur le schéma)
Les affaires marchent bien, le carnet de commande est plein pour l’année à venir. Cependant, si le CA augmente régulièrement les bénéfices ne suivent pas la même tendance. Les actionnaires deviennent grincheux et vont même voir si l’herbe est plus verte dans la concurrence.
Il faut réagir !! le conseil d’administration est convoqué
Il y est décidé de limiter les activités les moins rentables. Les activités gourmandes en main d’oeuvre seront progressivement sous traitées.

Ainsi fut fait

Quelques années plus tard

Les activités de pose sont entièrement sous traitées (en beige sur le schéma) alors que la fabrication commence à être confiée à d’autres entreprises. Se pose alors la qualité du contrôle, essentiel en sous traitance. Fort heureusement l’entreprise E dispose encore de certains anciens de la pose et de la fabrication détenteur d’un réel savoir faire technique et des valeurs de l’entreprise ; ils assurent un contrôle efficace des travaux réalisés par les sous-traitant.
Les résultats financiers se sont améliorés .

l’actionnariat est ravi.

 

Les temps ont passé

Les anciens de la pose et de la fabrication ont progressivement atteint l’âge de la retraite, leur nombre s’est érodé jusqu’à l’extinction des compétences. L’entreprise E ne fait plus que de l’ingénierie, son chiffre d’affaire s’est étiolé et les actionnaires se sont détournés. Les savoir faire de base sont perdus seuls les ingénieurs demeurent, sans expérience du terrain.
Le fleuron de la chaudronnerie française est à la merci d’un rachat par une société étrangère, les emplois ont migrés vers d’autres cieux.

L’entreprise E a perdu de sa substance

D’après un entretien avec un ingénieur de l’entreprise E qui voit le made in France s’effilocher

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Le 4 juillet « Vers la dépendance nationale du médicament? »

L’après-midi du JCR-Institut du 4 juillet

Déroulement :
Le 4 juillet 2020
au 26 rue Goule de Laval – 34790 GRABELS
stationnement dans la rue SVP
répondre pour le 22 juin 2020

  • 17 à 17h30 accueil autour de tableaux de France GOALARD, de Maurice JACOB et quelques oeuvres modernes de mon frère,
  • 17h30 à 17h45 présentation de la démarche du JCR Institut – présentation de Maurice JACOB
  • 17h30 à 18h30 : conférence autour de la piscine
  • 18h30 à 19h30 : questions réponses,
  • Ensuite : « repas tiré du sac” pour ceux qui voudraient poursuivre en toute convivialité autour de la piscine,
  • Enfin, si le temps le permet, si certains ont pris leur guitare et selon l’humeur, petit boeuf acoustique improvisé.

N.B. : certains s’interrogent. Le JCR-Institut reprend bien du service dans un nouveau domaine, fini la gestion de projet (quoique) et bienvenue à la compréhension de notre époque bien mouvementée.

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Cher numérique : 2 utilisation

Une forte empreinte énergétique et environnementale

La consommation d’énergie liée au numérique représente quelques 3% de la consommation mondiale totale. Ce ratio pourrait s’élever à quelques 5% en 2025.
Il en est de même pour les émissions de gaz à effet de serre dont le numérique est responsable à hauteur de 4% (3% pour les avions). Ce ratio pourrait grimper à 6% en 2025. (Source « the shift project »)

Consommation d’énergie en phase d’utilisation (the shift project – référentiel environnemental du numérique)

Par exemple, l’impact environnemental de la vidéo est 1500 fois plus important que la simple utilisation du téléphone portable. L’importance de l’effet de la vidéo sur le réseau est ainsi mise en évidence. En outre, il faut noter les disparités régionales, le réseau chinois étant plus gourmand que les autres.

Il faut être conscient du coût des vidéos on line et des vidéos de famille.

La consommation numérique est concentrée

Répartition géographique de la Consommation numérique et de ses émissions de GES (source » the shift project » p60)

En 2018, ce sont les USA qui détiennent la palme des émissions de gaz à effet de serre, à comparer avec ce qui pourrait apparaitre comme un sur équipement. Mais tout évolue et la Chine ainsi que les pays émergents sont certainement en train de rattraper leur retard.

Le numérique : gratuit? vraiment?

Le numérique est gros consommateur d’énergie et producteur de GES. Il faut alors  se poser la question : comment le réseau et les GAFAM1 se financent? Par la vente de vos données personnelles, sans compter que les états ont tout intéret à garder la main sur le numérique (chine, Al Gore …pour alimenter les grandes oreilles et assoir leur pouvoir parfois dictatorial).

En fin de compte nous sommes  les dindons de la farce : il faut en être conscient

1 Google Amazon Facebook Apple Microsoft

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Il faut passer l’overdrive

Notre président a parlé

  • Le début de la reprise  est fixé au 11 mai, en commençant par les écoles
    Cette décision est certes contestable, mais elle est importante à double titre:
    • pour les confinés, l’objectif est clair, le bout du tunnel est visible
    • pour le gouvernement et les acteurs industriels, le but est fixé chacun doit faire en sorte que masques et tests soient au rendez-vous et que les procédures de la reprise soient en place (il y a du travail)
  • d’autres annonces de moindre importance :
    • assouplissement de l’accompagnement des mourants par leur famille
    • aide pour ceux qui étaient exclus des aides déjà mises en place

Enfin un objectif SMART1, enfin un discours de président même si 30 mn ont été nécessaires pour pour dire ces choses simples.  J’ai mal supporté les 7mn d’introduction et les 3 de conclusion pour faire un éloge larmoyant du système D dont les français ont fait preuve. 

1Simple, Mesurable, Ambitieux mais Réaliste, inscrit dans le Temps : SMART

Il a donc peut-être lu mes articles (-:)

méthode de raisonnement de criseEn effet, ce dernier discours (le 13 avril) était à la hauteur ; notre gouvernement, président en tête, a beaucoup consulté, les comités Théodule, les instances internationales ….., ce qui était certainement une bonne chose. Cependant, il y a un temps pour la concertation, un temps pour la décision et enfin un temps pour l’action. Manifestement, la phase 2, décisionnelle, vient d’être franchie. Il reste, et ce n’est pas une mince affaire, à définir les modalités d’exécution et l’exécution proprement dite : nous ne sommes pas sortis d’affaire!

Mais qui fait quoi au gouvernement?

On est en droit d’attendre d’un président qu’il préside2, d’un premier ministre qu’il gouverne et des ministres qu’ils fassent exécuter et conduisent l’action gouvernementale dans le respect des décisions  du président. Jusqu’à présent les ministres ont envoyé des messages parfois dissonants, à se demander s’il y avait un pilote dans l’avion?

2Officiellement, sous la Ve République, le président partage le pouvoir exécutif avec le Premier ministre : on parle de régime semi-présidentiel. En pratique, lorsque la majorité parlementaire lui est acquise, le président concentre l’intégralité du pouvoir exécutif, même si le Premier ministre reste chef du Gouvernement et responsable de sa politique devant l’Assemblée nationale.

Maintenant que la direction est enfin donnée, ils doivent la mettre en application chacun pour ce qui le concerne : la reprise des écoles, la fourniture des masques et des tests, tout en gardant les hôpitaux sous pression …..
Mais j’ai deux doutes

  1. , je pense que la reprise se fera sur 3 piliers :
    1. la santé (comme de juste),
    2. l’économie (on s’en doutait) mais aussi
    3. la sociologie : quid des enfants enfermés parfois victimes de violences, les seniors en EPHAD qui ont vu mourir nombre de leurs congénères et des actifs qui ont supportés leurs jeunes, leurs seniors et leur angoisse de la fin du mois et de leur emploi à la reprise? Aucune trace dans les médias de sociologues ni de psy!!!!!
  2. Notre état jacobin risque de vouloir centraliser les modalités des actions à venir, alors que la question de la reprise ne se pose pas de la même manière selon que l’on habite Paris ou la Lozère. Il faut décentraliser, l’intelligence collective n’est pas concentrée dans les seuls ministères.


Même si la décision de reprise le 11 mai vous défrise,
il faut rester positif, créatif et entreprenant,
de notre cohésion dépend la réussite de ce défi et notre avenir.

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Maman m’a dit

« 6 français sur 10 ne font plus confiance au gouvernement pour gérer la crise la faute à une communication de crise calamiteuse : absence de ligne directrice, beaucoup de contradictions, des supports média divers et des annonces à des heures diverses. Le français moyen ne s’y retrouve plus. »
Par exemple, le discours de notre président le 16 mars n’était pas clair, trop long, sans contenu et répétitif (la guerre, les remerciements en boucle) et du coup, catastrophique. Non seulement tout les principes de la gestion de crise semblent étrangers à nos gouvernants mais encore leur communication de crise est entièrement à revoir. (je m’interroge sur le rôle du porte parole du gouvernement). En revanche je vous conseille le visionnage et le texte d’un modèle du genre.
Ainsi après le mauvais puis le bon exemple, je vous propose quelques conseils en distinguant la communication externe (destinée au public, aux clients ….) de la communication interne (ordres, directives et compte-rendus).

Et elle rajoute: « ils ont bien besoin de conseils« 

3 principes         pour commencer par l’essentiel :

  • Dites la vérité, rien que la vérité (ne pas prendre le destinataire de la com pour un imbécile)
  • Soyez bref (pas de bla bla)
  • Soyez clair sur les objectifs, sans oublier que

     « SIMPLE IS BEAUTIFUL »

3 règles      pour situer la communication de crise dans le cadre de la stratégie de crise :

  1. La communication est au service de la stratégie de crise
  2. La communication participe au choix de la stratégie de crise
    C’est un des thèmes importants de la phase d’analyse
  3. La communication a sa propre stratégie pour relayer la stratégie de crise

 

3 stratégies de communication de crise possibles :

  1. la reconnaissance : Il s’agit de reconnaitre les faits, de les assumer et d’agir en conséquence
  2. Le projet latéral : les faits ne sont pas niés mais la culpabilité est rejetée : « responsable mais pas coupable », la théorie du complot, accusation rejetée vers l’externe
  3. Le refus : « la crise? quelle crise? » ou encore « c’est pas moi…… »

 

Le plan de com

est construit autour des réponses à 6 questions :

  1. Quels objectifs?  (pourquoi communiquer)
    « il n’y a pas de bon vent pour qui ne sait où il va » (Sénèque)

    les objectifs sont Spécifiques,Mesurables,Ambitieux mais Réalistes, calés dans le Temps
  2. Quel est le contexte?  (l’environnement conjoncturel de la crise, le milieu, les réflexes culturels)
  3. Quelles cibles ? (à qui je m’adresse)
    Selon le public visé, les messages seront adaptés sur le fond et la forme
  4. Quels messages ?  (les écrire et les faire approuver)
  5. Quelle organisation ?  (quels médias, comment mesurer l’impact, qui fait quoi)
  6. Comment planifier  (dans l’espace et dans le temps)

Faute d’une bonne communication de crise la confiance et la compréhension de l’action, source d’adhésion, atteindra un niveau acceptable. Le plan de communication est donc particulièrement important dans la gestion de crise.  Il s’articule autour des réponses aux 6 questions précédentes,

Le plan de com est validé et utilisé au plus haut niveau.

Cet article serait incomplet s’il ne traitait pas des directives, ordres et compte-rendus qui doivent circuler et être exploités dans les cellules de crise (encore faut-il qu’il y en ait). Ces sera l’objet d’un prochain article

Un conseil : ne bidonnez pas.
Comme à l’OM « droit au but »

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L’art de maîtriser les crises

Tout décideur est confronté un jour ou l’autre à une crise qui est une rupture avec le fonctionnement courant. Il n’est pas facile de faire face à ces situations inattendues. 3 est le chiffre magique de la gestion de crise, voici quelques conseils de spécialiste en commençant par définir ce dont on parle.

La crise? De quoi s’agit-il?

Une crise est la  conséquence de tout événement inattendu, qui  bouleverse le fonctionnement d’une organisation.

Elle conduit à prendre des décisions dans un contexte qui se caractérise par :

  • un effet de surprise
  • un contexte de rupture avec les savoir-faire et les savoirs habituels
  • un contexte d‘urgence
  • un « défi » pour les décideurs

La crise constitue un moment de vérité du comportement des décideurs.

Ce défi des décideurs est marqué par :

  • l’importance des enjeux, (bien souvent considérables)
  • l’accélération du temps (pour l’avoir vécu, le temps passe trop vite)
  • la complexité de l’analyse et de la décision liée au nombre inhabituels d’acteurs et de facteurs, (ex. : les chinois, les italiens, l’Europe, les laboratoires, les professionnels de santé ……)
  •  le doute croissant dû au danger déstabilisant et destructeur, (ex. : chloroquine ou pas chloroquine? Quand on a peur, on perd un peu l’entendement)
  • de nouveaux acteurs
  • la saturation des capacités de communication

3 périodes (avant, pendant, après)

Tout se joue dans la phase préliminaire. En effet des décisions prises et de la mise en place d’une organisation efficace dépendent la bonne maîtrise de la crise dans ses phases aigüe et chronique. Encore faut-il prendre consciences que l’accident est possible voire imminent. C’est pendant cette période qu’on peaufine sa préparation (ex. : en achetant des masques ).

Le décideur doit être clairvoyant

3 obsessions du décideur : un défi, un objectif, une exigence

La rupture occasionnée par la crise doit être surmontée en pensant autrement, en attachant à la phase préliminaire toute son importance et en prévenant (gouverner c’est prévoir – Adolphe THIERS) .
Par ailleurs, sortir d’une crise par le haut nécessite de la cohérence ; on peut même parler de discipline intellectuelle.
Enfin la rigueur est de mise (sans rigidité) dans la réflexion comme dans l’action.

Il faut à tout prix que le proverbe ukrainien ne s’applique pas :
« Quand les drapeaux claquent, toute l’intelligence est dans la trompette »

3 niveaux de management

  1. Stratégie / conception : oblige à une vision synthétique et à long terme. Concevoir permet de donner du sens à l’action et de partager un objectif commun pour plus de cohérence dans l’xécution.
    Résultats : stratégie, directives, conception
  2. Conduite / pilotage : rien ne se passe jamais comme prévu, il faut adapter au coup par coup, en fonction de la situation et dans le cadre de la stratégie retenue
    Résultats : ordres de conduite / synthèses
  3. Exécution : conservant les objectifs stratégiques comme buts ultimes, cadré par les ordres de conduite, l’exécution s’inscrit dans une autonomie d’action limitée par une discipline raisonnée. Dans des circonstances complexes, la capacité de réagir à l’imprévu de manière appropriée est essentielle.
    Résultats : compte rendus d’exécution

Les crises mettent à rude épreuve l’excellence de tous, il convient dés lors d’agir en homme de réflexion et de réfléchir en homme d’action.                                                                       (André MALRAUX)

Raisonnement

3 principes :

  1. indépendance de la réflexion : chaque partie prenante analyse séparément la situation et en déduit les points clés de son point de vue,
  2. Communauté de la décision : ces points de vue sont mis en commun et analysés pour une décision unique et cohérente,
  3. Discipline active dans l’exécution : il est important que tous s’imprègnent de la décision pour en assurer l’éxécution la plus fidèle et dans l’esprit des objectifs fixés.

3 temps

Il est bien entendu que la phase préliminaire est de toute première importance permettant de définir qui, où, quand et comment la cellule de crise fonctionnera.(un gymnase paraît une structure appropriée pour une crise du type covid 19).
L’analyse des objectifs que l’on s’est fixés et de l’environnement (souvent complexe) pour en dégager des points clés est un travail par équipes spécialisées par domaine (finance, santé, diplomatie, transport …). La conception d’une stratégie est au contraire un travail d’une seule équipe fédérant les résultats de la phase d’analyse. Ce travail de cohésion et de choix permet de définir un objectif unique (tangible et calé dans le temps) dont dépend la réussite.
Enfin, l’exécution consiste à traduire la stratégie retenue en directives et tableau de bord, puis de suivre l’évolution qui peut conduire à reprendre le processus à son début si les conditions ont beaucoup évoluées.

« Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage : Polissez-le sans cesse et le repolissez. »                                                    (Nicolas BOILEAU)

Merci d’avoir lu cet article jusqu’au bout.
Le prochain article sera : « La communication de crise : une valse à 3 temps »
(encore le chiffre 3)

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